Création participative d’une aire protégée dans le massif de Babor

  • Date de démarrage : janvier 2014
  • Date de clôture : juin 2017
  • Contractant : AREA-ED
  • Partenaires : INRAA et DGF
  • Financement : CEPF

Suite à l’appel à proposition du CEPF, pour le hotspot du bassin méditerranéen, paru en 2013, l’AREA-ED s’est rapprochée de l’INRAA et de la Direction générale des forêts pour préparer une proposition visant la création d’une aire protégée dans le djebel Babor.

L’approche participative visant à impliquer l’ensemble des parties prenantes et des acteurs locaux concernés par le classement a été inscrite dans le projet comme un outil essentiel pour atteindre le résultat escompté.

Le djebel Babor fait partie de la chaine des Babors ou Kabylie des Babors, appartenant à l’Atlas Tellien. Il est situé à l’extrême nord de la wilaya de Sétif, à une distance de 53 km du chef lieu de wilaya et à 15 km de la mer méditerranée (voir carte de situation). Il sépare les hautes plaines sétifiennes de la Méditerranée. 

C’est dans cette montagne, qui culminent à 2.004 m, qu’on trouve, à des altitudes variant entre 1.600 et 2.000 m, la forêt domaniale de Babor. Véritable sanctuaire de la biodiversité, cette forêt avait bénéficié en 1921 du statut de Parc National sur une superficie de 2 367 hectares, ramenés en 1931 à 1701 hectares.

Le site revêt un caractère biogéographique remarquable en raison de son isolement et de l’existence d’un taux d’endémisme important dont plusieurs reliques glaciaires telles que le sapin de Numidie (Abies numidica) – le genre Abies n’existe en Afrique du Nord que dans les Babor où il est représenté par Abies numidica et dans le Rif marocain où il est représenté par Abies maroccana – l’autre espèce emblématique des Babor est la Sittelle kabyle (Sitta ledanti). La Sitelle de Kabylie, découverte par Ledant en 1976, est un oiseau rare ne comptant que quelques couples que l’on retrouve dans un autre site proche, la forêt de Guerrouch (réserve intégrale du parc national de Taza, Jijel).

A partir de 1984, la proposition de classement de la forêt domaniale de Babor a été plusieurs fois envisagée par l’administration forestière algérienne mais n’a jamais connu de suite. Une étude récente de classement de la Direction Générale des Forêts (DGF), intitulé « projet de classement de la forêt de Babor en réserve naturelle », propose la création d’une réserve naturelle constituée de 02 zones : la zone intégrale sur une superficie d’environ 1000 hectares et la zone périphérique sur une superficie d’environ 1367 hectares.

La diversité biologique et la qualité des écosystèmes que nous retrouvons dans les Babor nous incite à penser que pour une protection efficace, la proposition de classement ne devrait pas être limitée à la forêt domaniale de Babor (2367 hectares), mais inclure, nécessairement, des territoires limitrophes.

La création de cette aire protégée permettra de diminuer les multiples pressions humaines sur les ressources naturelles qui se sont accentuées ces dernières années et qui se manifestent par, notamment, le surpâturage, le défrichement et les coupes illicites de bois. La négligence humaine, l’absence d’une gestion de ces espaces et le réchauffement climatique ne sont pas également étrangers à la recrudescence des incendies de forêts qui depuis le début des années 2000, ravagent les forêts algériennes. L’aire protégée peut également offrir de nouvelles opportunités de développement durable pour le territoire.

Il nous semble urgent, aujourd’hui, en vue de faire aboutir une demande de classement et de création d’une aire protégée de lancer de nouvelles procédures et démarches qui prennent en compte les intérêts des populations locales et des autres parties prenantes, d’autant plus que la proposition ne devra pas se limiter à la seule forêt domaniale de Babor dont les terres (2367 has) font partie du domaine de l’État, mais s’étendre au delà, de façon à inclure un corridor écologique qui assure une jonction avec le Parc National de Taza, les terres de parcours qui cernent la forêt de Babor et un échantillon représentatif des exploitations familiales proches.

L’absence d’une intervention signifierait une accentuation de la dégradation de ces écosystèmes et à moyen terme la disparition des éléments les plus remarquables de la biodiversité des Babor.